Les relations entre l’Afrique et la Russie continuent de susciter bien des interrogations, en plein conflit ukrainien.
Comment expliquer l’accueil chaleureux réservé récemment à Sergueï Lavrov lors de sa tournée Afrique ?
Cette question a été répondue par les soins de François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Pour la majorité des décideurs et opinions publiques africaines, « la guerre en Ukraine n’est pas la leur. C’est un conflit qui oppose la Russie à l’Occident, mais Moscou n’est pas perçue comme une menace », analyse le journaliste au micro de RFI.
Une posture de neutralité qui s’enracine dans une conception particulière des enjeux démocratiques.
« Ce n’est pas vu comme une guerre pour les valeurs, que tout le monde a par ailleurs violées », poursuit François Soudan.
Loin d’être isolée, la Russie de Vladimir Poutine semble même avoir remporté une victoire symbolique lors de ce périple en Afrique. Lavrov était venu réclamer le boycott d’une conférence sur la paix en Ukraine, prévue mi-juin en Suisse.
« Il semble avoir été suivi sur ce point », note le spécialiste.
Au-delà des symboles, cette tournée africaine démontre la résilience des liens entre le continent et l’ancienne puissance soviétique. Des liens historiques, mais aussi de connivence géostratégique renouvelés ces dernières années.
Sur les dossiers brûlants de la nucléaire civile ou des mercenaires de Wagner, Moscou a ainsi multiplié les initiatives auprès d’États en quête de nouveaux partenaires, lassés du diktat occidental et français en particulier.
Un contexte propice à la diplomatie russe pour se réinventer un récit de solidarité anti-impérialiste, cher aux dirigeants africains. De quoi assurer à la Russie une place de choix sur le vaste échiquier africain.