Le lieutenant Colonel Emmanuel Zoungrana était réputé comme un des officiers prometteurs de l’armée burkinabè.
Une de ses têtes « bien faites », diplômé d’un baccalauréat français option philosophie et qui, sur son temps libre, aime écrire des romans. Auteur de plusieurs ouvrages, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana a aussi sa propre maison d’édition et est un habitué de la Foire internationale du livre de Ouagadougou (Filo).
Le 10 janvier, l’officier-écrivain a été mis aux arrêts. Comme Jeune Afrique l’a révélé, il est suspecté par les autorités d’avoir préparé une tentative de coup d’État. Huit autres militaires ont également été interpellés dans cette affaire. Selon une source sécuritaire, les investigations se poursuivent et plusieurs autres arrestations sont en cours, tant au sein de l’armée que parmi des civils.
Dans un communiqué, le parquet militaire indique qu’il a été saisi, le 8 janvier, « d’une allégation de projet de déstabilisation des institutions que projetait un groupe de militaires » par « dénonciation d’un membre de la bande ». D’après des sources concordantes, c’est sur la base d’informations obtenues par les services de sécurité que le lieutenant-colonel Zoungrana et ses complices présumés ont été arrêtés. Un certain Sankara, officier issu du 12e régiment d’infanterie commando en poste au service national de développement (SND) à Ouahigouya, fait partie des personnes interpellées. « Au moins deux officiers font partie des militaires mis aux arrêts. Les arrestations continuent toujours, la procédure n’est pas finie », glisse une source sécuritaire. Le chauffeur du lieutenant-colonel Zoungrana et le trésorier de son ancien régiment ont également été arrêtés.
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Rôle trouble
Âgé d’une quarantaine d’années, le lieutenant-colonel Zoungrana est diplômé du Prytanée militaire du Kadiogo (PMK), qui forme les officiers de l’armée burkinabè, affiche un beau CV. Passé par le centre d’entraînement commando de Pô, il a été commandant du secteur ouest du groupement des forces de sécurisation du Nord et a dirigé le 25e régiment parachutiste commando (RPC), basé à Bobo-Dioulasso.
Lors de la résistance contre le coup d’État perpétré par le général Gilbert Diendéré, en 2015, il avait joué un rôle trouble alors que les jeunes officiers hostiles aux putschistes convergeaient vers la capitale pour les forcer à déposer les armes. Officier aguerri aux combats et décrit pour son caractère trempé, Zoungrana avait dirigé en 2021 la création d’une unité des forces spéciales, dénommée « Mamba ».
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Mécontentement latent au sein de l’armée
Jusqu’à encore récemment, il était le chef de corps du 12e régiment d’infanterie commando (RIC) à Ouahigouya. Il avait été relevé de ce poste le 16 décembre par décret présidentiel, non par faute professionnelle, mais parce qu’il faisait partie d’un plan de renouvellement de hiérarchie. Douze autres chefs de corps avaient alors été remplacés.
Depuis l’attaque d’Inata, qui a coûté la vie à 53 gendarmes, mi-novembre, le mécontentement est latent au sein de l’armée et les rumeurs de putsch – plus ou moins fondées – n’en ont été que renforcées. Instructions ont notamment été données à différents services de scruter de près certains jeunes officiers. Parmi eux, le lieutenant-colonel Zoungrana et d’autres chefs de corps.
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L’officier était aussi connu pour être proche de Cheriff Sy, l’ex-ministre de la Défense, limogé en juin 2021 après le massacre de Solhan. De quoi alimenter toutes sortes de spéculations sur son éventuelle implication, voire sur sur la possibilité d’un complot monté contre lui par ses rivaux.
Source: Jeune Afrique