Les tensions sont toujours vives entre le Bénin et le Niger. Au cœur de la discorde, l’exportation du pétrole nigérien via le Bénin.
Dernier évènement en date, l’arrestation mercredi 5 juin dans la soirée de cinq ressortissants nigériens sur le terminal pétrolier de Sèmè-Kpodji par lequel est exporté le pétrole nigérien hors d’Afrique. Ce terminal est exploité par la société chinoise Wapco qui se retrouve malgré elle au cœur de ce conflit diplomatique. La West African Oil Pipeline Company (Wapco) dispose d’une entité côté nigérien, ainsi qu’une autre côté béninois. Wapco Niger et Bénin sont des filiales de la China National Petroleum Corporation (CNPC) – la société nationale du pétrole de Chine.
À Agadem, cette dernière est chargée de l’extraction du pétrole. À Sèmè-Kpodji, elle exploite le terminal qui permet l’exportation par bateau du brut. Les deux entités ont également eu à prendre en charge la construction de près de 2 000 kilomètres de pipeline. Pour un coût global évalué à 4,5 milliards de dollars. En 2018, un accord est trouvé. La Société chinoise avance 4 milliards pour les travaux en échange de l’obtention des trois quarts de la production future. Le quart restant revenant aux autorités nigériennes.
Au mois d’avril, la CNPC a de nouveau accepté de mettre la main au portefeuille. Une nouvelle avance sur la part du pétrole revenant à Niamey. La société chinoise accorde un prêt de 400 millions de dollars à la recherche de financements, car coupées de leurs ressources traditionnelles. L’exportation du pétrole doit également générer d’importantes recettes douanières pour les caisses de l’État béninois. Des perspectives économiques pour les deux États, mais également pour Wapco qui a beaucoup investi dans ces infrastructures.
Or pour l’instant, ces espoirs de retour sur investissement sont compromis par les tensions diplomatiques entre les deux États. Poussant Wapco à jouer les médiateurs. Une première initiative à la mi-mai a permis l’exportation d’une première cargaison de pétrole. Une dernière rencontre a été organisée fin mai à Niamey. Sans résultat tangible pour l’entreprise chinoise.
Selon les autorités chinoises, la CNPC gère actuellement quatre projets dans six pays africains : trois au Soudan, deux au Soudan du Sud, quatre au Niger, trois au Tchad, un au Bénin et un au Mozambique.