Le procès de Damana Pickass et IKPO, tous deux cadres du parti de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, a pris une tournure politique explosive, ce mardi 11 juin 2024, avec les réquisitoires du procureur de la République. Ce dernier a requis des peines sévères contre les accusés, les jugeant coupables d’atteinte à la sûreté de l’État et d’autres graves infractions.
Les avocats de la défense ont vivement réagi à ces réquisitions, dénonçant un procès politique et une instrumentalisation de la justice. Ils ont notamment déclaré :
« Ce procès est un procès politique, cette réquisitoire est politique. On se sert de la justice pour pacifier et neutraliser des adversaires politiques. Notamment les progbagbos. C’est la justice des vainqueurs et les vaincus, c’est-à-dire les progbagbos doivent disparaître. On ne peut plus accepter l’instrumentalisation de la justice contre les progbagbos, trop c’est trop. »
Ces déclarations mettent en lumière les tensions politiques sous-jacentes à cette affaire. Les avocats de la défense estiment que leurs clients sont victimes d’une justice partiale, motivée par des considérations politiques plutôt que par des faits objectifs. Ils dénoncent une volonté de museler l’opposition et de réduire au silence les partisans de l’ancien président Gbagbo.
Il est important de rappeler que cette affaire intervient dans un contexte politique ivoirien encore marqué par les séquelles de la crise post-électorale de 2010-2011. Les tensions entre les différents camps politiques restent vives et la justice est souvent accusée d’être instrumentalisée à des fins politiques.
Le procès de Damana Pickass et IKPO est donc un enjeu majeur, non seulement pour les accusés eux-mêmes, mais aussi pour la crédibilité de la justice ivoirienne. Il reste à voir si les arguments de la défense parviendront à infléchir la position du tribunal et à garantir un procès équitable et impartial.
Enjeux et perspectives
Au-delà des aspects judiciaires, ce procès révèle les profondes divisions qui traversent la société ivoirienne. Il met en lumière la nécessité d’une justice indépendante et impartiale, capable de garantir l’équité pour tous, quelles que soient leurs opinions politiques.
Il est crucial que les autorités ivoiriennes prennent des mesures pour renforcer l’indépendance de la justice et garantir le respect des droits de la défense. Cela passe notamment par la formation des magistrats, la lutte contre la corruption et l’adoption de lois plus claires et plus protectrices des libertés individuelles.
L’issue de ce procès sera donc déterminante pour l’avenir de la démocratie en Côte d’Ivoire. Elle dira si la justice est capable de jouer son rôle de garant de l’État de droit ou si elle reste un instrument politique aux mains du pouvoir.
