L’économiste malien Étienne Fakaba Sissoko a été condamné ce lundi à deux ans de prison, dont un an ferme, par un tribunal malien. En plus de sa peine d’emprisonnement, il doit payer des dommages et intérêts de 3 millions de francs CFA. Cette condamnation fait suite à sa critique publique du régime de transition au Mali, publiée dans un ouvrage en décembre dernier.
Le 25 mars, Sissoko a été interpellé par la Brigade d’investigations judiciaires (BIJ) après avoir publié un post sur les réseaux sociaux rappelant aux dirigeants maliens la fin de la période de transition militaire. Dans son message, il soulignait l’importance du rôle de la Cour constitutionnelle dans ce nouveau contexte politique, questionnant la capacité de cette institution à adhérer strictement aux dispositions légales en vigueur. Il avait également exprimé son inquiétude quant à l’incertitude politique du pays.
Quelques heures après cette publication, il a été placé en garde à vue, puis incarcéré deux jours plus tard. Les charges retenues contre lui incluent « atteinte au crédit de l’État, injures, propos et nouvelles fausses mensongèrement attribuées à des tiers, faite de mauvaise foi, de nature à troubler la paix publique ». Son ouvrage, intitulé Propagande, agitation, harcèlement : communication gouvernementale pendant la transition au Mali, est particulièrement visé pour sa critique sévère de la communication du régime de transition.
Lors de son procès le 6 mai, l’avocat de Sissoko, Me Ibrahim Marouf Sacko, a plaidé pour sa relaxe, affirmant qu’aucune preuve tangible de violation de la loi n’avait été fournie. Il a dénoncé ce qu’il considère comme une agression contre la liberté d’opinion, rappelant que c’est la deuxième incarcération de son client sous le régime de transition. En 2022, Sissoko avait déjà été emprisonné de janvier à juin pour avoir critiqué la gestion par les autorités maliennes des sanctions imposées par la CEDEAO.
Cette condamnation de Sissoko soulève des préoccupations quant à la liberté d’expression au Mali, en particulier sous le régime de transition. Les critiques du gouvernement et des institutions semblent être de plus en plus risquées pour les intellectuels et les opposants politiques. La condamnation de Sissoko pourrait avoir des répercussions sur le climat politique et social du pays, accentuant les tensions et les débats sur la gouvernance et les droits fondamentaux.