L’ONG Human Rights Watch a déclaré, dans un rapport publié jeudi, les « atrocités » perpétrées contre des civils au Mali, attribuées à l’armée malienne et son allié russe Wagner, ainsi qu’à des groupes armés islamistes, depuis le retrait de la mission onusienne il y a un an.
Fin 2023, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), qui comptait jusqu’à 15 000 soldats et policiers, a achevé un engagement de dix ans face à la montée du djihadisme, qui continue de déstabiliser ce pays fragile et économiquement vulnérable.
D’après les estimations de Human Rights Watch, les forces armées maliennes appuyées par le groupe paramilitaire Wagner ont « délibérément tué » au moins 32 civils dans les régions centrales et septentrionales du Mali depuis mai 2024. Parallèlement, le Groupe de soutien à l’ l’Islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, et l’État islamique au grand Sahara (EIGS) sont responsables de la mort d’au moins 47 civils et de milliers de déplacements forcés depuis juin.
Des données sous-estimées
L’ONG souligne que ces chiffres sont probablement bien en deçà de la réalité, en raison des difficultés d’accès et de recherche dans ces zones. « Depuis le départ de la Minusma, il est extrêmement compliqué d’obtenir des informations complètes sur les exactions, et nous craignons que la situation soit bien pire que ce qui est documenté », affirme Ilaria Allegrozzi, chercheuse spécialisée sur le Sahel, citée dans le rapport.
Le retrait de la Minusma fait suite à la prise de pouvoir par des colonels putschistes en 2020, qui ont rompu avec la France pour s’allier politiquement et militairement à la Russie. Sous pression de la junte, le Conseil de sécurité de l’ONU a mis un terme à cette mission. Les conclusions de Human Rights Watch, basées sur des entretiens avec 47 témoins, des sources informées, des analyses d’images satellite et des vidéos vérifiées, ont été transmises au gouvernement malien, qui n’a pas donné suite.