De nouvelles exactions impliquant l’armée malienne et ses supplétifs russes de Wagner ont été rapportées à Takalote, dans la région de Kidal. Selon les informations recueillies par Radio France internationale (RFI), ces incidents ont entraîné la mort d’au moins huit personnes le mardi 9 juillet, dans ce qui semble être une double bavure militaire.
Des sources locales, dont des notabilités, des associations de défense des droits humains comme Kal Akal, ainsi que des membres de la rébellion du CSP selon RFI, ont confirmé que les victimes ont été tuées à Takalote et ses environs Eferer et les oueds proches par des soldats maliens et leurs alliés russes de Wagner. Le bilan final pourrait être plus lourd, car le décompte des victimes et des disparus est encore en cours. En outre, des destructions et des pillages ont été signalés, notamment à Tassikt et Intibzaz.
Des convois de l’armée malienne étaient encore présents dans la zone de Tin Essako ce mercredi, selon des sources locales contactées par RFI. Les victimes de Takalote n’étaient ni des jihadistes du Jnim ou de l’État islamique, ni des rebelles du CSP, mais des partisans du général El Hadj Ag Gamou. Nommé gouverneur de Kidal en novembre dernier par les autorités maliennes de transition, au lendemain de la reconquête de ce qui était depuis des années le fief des rebelles, le général Gamou est une figure centrale de la région.
Les personnes tuées à Takalote appartenaient à la communauté des Touaregs Imghads, la fraction du général Gamou. Certains d’entre eux étaient membres du Gatia, un groupe armé local créé par le général Gamou et qui combat désormais aux côtés de l’armée nationale. Selon plusieurs sources, ces hommes étaient en congé auprès de leur famille au moment des faits.
« Leur mort est donc une forme de bavure à deux niveaux : d’abord parce qu’ils ne combattaient pas, ensuite parce qu’ils soutiennent le camp des autorités maliennes de transition. L’armée malienne n’a pas communiqué sur ces opérations et, sollicitée par RFI, n’a pas donné suite », a indiqué le média.
Ces incidents soulèvent des questions cruciales sur les méthodes employées par les forces armées maliennes et leurs supplétifs russes, ainsi que sur la sécurité des populations locales. Alors que la situation reste tendue dans la région, les appels à une enquête indépendante et à la responsabilisation des auteurs de ces exactions se multiplient.