Le Rwanda suspend sa coopération avec la Belgique en pleine crise à Bukavu

La crise dans la région des Grands Lacs prend une tournure inquiétante. Le Rwanda a annoncé mardi la suspension de son programme d’aide bilatérale avec la Belgique, plongeant les relations entre les deux pays dans une zone de turbulences. Cette décision intervient dans un contexte régional explosif, marqué par la prise de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, par les rebelles du M23.

Cette rupture est la conséquence directe des récentes déclarations du chef de la diplomatie belge, Maxime Prévot. Ce dernier avait évoqué la possibilité de « mettre un terme au programme de coopération » avec le Rwanda, en réponse à l’implication présumée de Kigali dans le conflit à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

La tension est montée d’un cran lors de la Conférence sur la sécurité à Munich, où le vice-Premier ministre belge a appelé à une « réaction plus forte » de l’Union européenne contre le Rwanda, incluant « la suspension d’une série d’accords ».

Le Rwanda, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, dénonce une « campagne agressive » visant à compromettre son accès aux financements du développement. En effet, Kigali rejette catégoriquement les accusations de soutien aux rebelles du M23 et affirme que sa priorité est d’assurer la sécurité de ses frontières et de lutter contre l’extrémisme ethnique dans la région.

Sur le terrain, la situation à Bukavu est catastrophique. La ville est paralysée, les commerces sont fermés et les services administratifs sont à l’arrêt. Seuls les taxis-motos assurent encore quelques déplacements. Le secteur médical est également affecté, avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui centralise la prise en charge des blessés.

Pendant ce temps, l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) a publié un communiqué appelant « toutes les forces vives de la Nation » à rejoindre sa « lutte révolutionnaire » contre le « gangstérisme et le terrorisme d’État ». Le mouvement rebelle justifie son action en dénonçant la mauvaise gouvernance, l’autoritarisme, la corruption et l’accaparement des ressources nationales.

Le Rwanda, de son côté, appelle à soutenir pleinement la médiation de l’UA/EAC/SADC « en ces moments difficiles pour notre région ». Kigali souligne que « les partenariats de développement doivent être fondés sur le respect mutuel ».

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