“L’Afrique n’a pas besoin de l’Ukraine”, c’est plutôt l’inverse, selon un analyste politique

L’indignation de Kiev face aux propos du commissaire de la CEDEAO Abdel-Fatau Musah, qui avait qualifié de génocide les actions ukrainiennes dans le Donbass, n’aura pas beaucoup d’effet, puisque l’Afrique n’a pas besoin de l’Ukraine aujourd’hui, a expliqué à Sputnik Afrique le politologue David Melvin Eboutou.

“L’Afrique n’a pas besoin de l’Ukraine aujourd’hui”, ce pays a beau s’indigner d’une déclaration sur le Donbass faite par le commissaire de la CEDEAO Abdel-Fatau Musah, c’est l’Ukraine qui a besoin de l’Afrique dans sa quête de matières premières et de repositionnement stratégique, a déclaré ce vendredi 15 novembre à Sputnik Afrique le politologue David Melvin Eboutou.

“Il convient de le rappeler sans détour: l’Afrique n’a pas besoin de l’Ukraine aujourd’hui. C’est plutôt l’Ukraine qui a besoin de l’Afrique dans son repositionnement stratégique, sa quête de matières premières et son avancée en matière d’influence”, explique l’expert.
Lors de la 1ère conférence ministérielle Russie-Afrique à Sotchi, Abdel-Fatau Musah , commissaire aux affaires politiques, paix et sécurité de la CEDEAO, avait qualifié de génocide les actions de l’Ukraine visant à détruire la culture et l’histoire du Donbass. C’est dans ce contexte que la Russie s’est opposée à une telle agression, avait-t-il assuré. Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a exprimé son indignation face à ces propos.
Réappropriation culturelle

Selon David Melvin Eboutou, “il est essentiel de mieux comprendre le positionnement d’Abdel-Fatau Musah dans le cadre d’une réappropriation culturelle de la Russie qui irrite l’Ukraine, laquelle n’est pas en droit de revendiquer certains territoires du Donbass”.
“C’est peut-être cet aspect culturel qui a nourri la réflexion de M. Abdel-Fatau Musah, qui a estimé que la percée ukrainienne dans le Donbass depuis 2014 vise justement à éradiquer la langue et la culture russes, ce qu’il a peut-être appelé de manière exagérée une manifestation de génocide”, explique l’analyste politique.

Cette situation n’influera pas trop sur les relations entre Kiev et l’Afrique qui “se cherchent encore”, estime David Melvin Eboutou.

“Multilatéralisme inclusif”

D’autre part, les pays africains, qui veulent sortir du “paternalisme et des relations asymétriques” occidentales, se tournent vers la Russie, porteuse d’un “multilatéralisme inclusif”, ainsi que vers les blocs et regroupements qui “proposent un idéal équilibré qui leur assure respectabilité et dignité”. Ce multilatéralisme “résonne avec l’esprit africain”, en particulier avec les valeurs de solidarité, d’entraide ou de partenariats équitables, précise David Melvin Eboutou.

“Le continent semble avoir fait son choix en soutenant davantage la Russie, qui a un positionnement plus substantiel pour le rééquilibrage de la géopolitique mondiale.”

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