Les deux personnalités ivoiriennes, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo ne partagent pas le même point de vue sur la guerre en Ukraine.
L’Afrique devrait-elle observer la neutralité comme l’a conseillé la star du reggae Alpha pour qui « quand deux couteaux se battent le poulet doit se taire » ? De quel côté pencher dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine ? Pour le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, pas besoin de tergiverser : le choix c’est l’Europe qui soutient l’Ukraine.
Mais une voix discordante est très vite venue le contrarier, c’est celle de son prédécesseur Laurent Gbagb. Celui-ci estime qu’il faut avant tout mener des réflexions pour comprendre ce qu’il se passe et décider par la suite pour l’un pour l’autre, ce qu’il faut ou pourquoi pas, tracer une troisième voix celle des Africains.
La position d’Alassane Ouattara a été rendue publique, le mardi 1er mars, au cours d’une rencontre qu’a eu la ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères de Côte d’Ivoire Mme Kandia Camara, avec l’ensemble des ambassadeurs de l’Union européenne, celui des Etats-Unis, du Canada, de la Suisse et de la Grande Bretagne.
Selon Kandia Camara, Alassane Ouattara a donné des fermes instructions << pour que la Côte d’Ivoire soutienne l’Union Européenne et ses alliés à voter OUI sur toutes les résolutions qui seront prises par les Organisations Internationales travaillant sur la crise en Ukraine >>, indique une note d’information transmise au site d’information abidjan.net.
LIRE AUSSI: JIF 2022: voici le geste de Charles Blé Goudé envers Simone Gbagbo
Mais le lendemain mercredi 2 mars, son grand rival, l’ancien président Laurent Gbagbo, conseillait plutôt une rencontre de la direction de son parti pour mener des réflexions sur cette guerre et éventuellement l’impact qu’elle pourrait avoir sur la vie des Africains en général et les Ivoiriens en particulier.
<< Je vous demande tous de réfléchir à ce problème parce qu’il faut que le PPA-CI fasse des réunions et adopte une attitude, vu cette situation. La guerre, c’est quand on la croit loin qu’elle est proche. Il n’y a pas de guerre proche ou lointaine aujourd’hui, surtout avec les vitesses d’armement.
Tout le monde est concerné. Je vous demande de réfléchir et d’être vigilant. Il faut qu’on réfléchisse vite pour ne pas être surpris. >> A déclaré, le 2 mars, Laurent Gbagbo devant les membres du Comité de contrôle du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) lors de la première session ordinaire de cette structure. Ce jour-là l’ancien président ivoirien a partagé son analyse de la situation. << On a une crise qui n’est pas petite parce qu’elle engage un des grands de ce monde, la Russie. La Russie est un des 5 grands permanents du Conseil de Sécurité.
Ce sont les 5 vainqueurs de la 2ème guerre mondiale. Ce sont eux qui ont créé l’ONU et se sont donné les droits de Veto. Et c’est un de ceux-là qui est engagé en Ukraine. Ces cinq grandes nations ont tous l’arme nucléaire. Donc quand un de ces cinq pays est engagé dans un conflit qui secoue le monde, ce n’est pas un petit problème.
Parce qu’un dérapage peut arriver et en ce moment eux tous se retiennent pour ne pas que quelqu’un d’entre eux arrive à l’arme nucléaire. (…) Or le conflit qui a lieu aujourd’hui implique tous les pays qui ont l’arme nucléaire. Tous. La Russie d’abord parce qu’elle est au front mais les Etats-Unis, la Chine, la Grande-Bretagne, la France, parce qu’ils sont derrière et attendent. Il y en a qui disent où se positionne la Chine ?
Mais elle est avec la Russie. Et les 3 autres sont dans un autre camp. Cette crise est faite par les autres et concernent le monde entier. >> A indiqué Laurent Gbagbo. Séance tenant le président du PPACI a promis de convoquer une rencontre dédiée à la guerre en Ukraine. << Et à la prochaine réunion que je convoquerai, nous mettrons ce sujet à l’ordre du jour et nous discuterons. Commençons déjà donc à réfléchir. >>
LIRE AUSSI: Jeannot Ahoussou-Kouadio interpelle et met en garde, les raisons
Mais pourquoi faut-il réfléchir avant d’aller dans un sens ou dans l’autre ? La réponse de Laurent Gbagbo est ceci : <<N’ignorons pas que cette crise va avoir des implications sur l’Afrique, le prix du carburant va monter puisque toutes les voies de communication maritime sont potentiellement bloquées et toutes les voies de circulation monétaire également bloquées. La Russie rigole parce qu’elle est le premier producteur de Blé donc pour manger sur place, elle n’a pas de problème mais il n’y a pas que la nourriture.
Aux USA, pour celui qui a écouté Joe Biden l’année dernière, ils commencent à avoir des problèmes parce qu’il faut que les Etats-Unis s’approvisionnent totalement en pétrole mais approvisionnent aussi l’Europe occidentale qui est approvisionné par le Russie en pétrole et en gaz. >> Pour Laurent Gbagbo donc, la question est plus profonde, il ne s’agit pas que d’une guerre entre la Russie et l’Ukraine, encore moins d’une guerre entre les Occidentaux et la Russie.
Mais au-delà de ces puissances nucléaires, il y a les petits pays et leurs populations pauvres qui vont en souffrir davantage. << Je ne parle même pas du sort des africains. Il faut que les africains réfléchissent et prennent des dispositions pour que de tels conflits qui se déroulent ailleurs, sur d’autres continents, n’aient pas trop d’influence négative sur l’Afrique. Je dis bien, n’aient pas “trop” d’influence, parce que il y en aura mais n’ait pas trop… >>
LIRE AUSSI: Sanction contre la Russie: la liste des pays hostiles disponibles