Gabon : après le coup d’Etat, les grosses têtes tombent ; des cantines d’argent retrouvées

L’étau vient soudainement de se resserrer autour de Sylvia Bongo. Selon le procureur André Patrick Roponat, l’ex-première dame du Gabon a été entendue le 28 septembre 2023 par un juge d’instruction. La voilà désormais inculpée pour « blanchiment de capitaux, recel, faux, et usage de faux ». Elle est également assignée à résidence.

Le procureur de la République n’a donné aucun détail sur les faits qui soutiennent ces accusations. Cependant, une perquisition dans l’un des bureaux de l’ex-première dame avait permis de découvrir plusieurs liasses de billets de banque dans un immense coffre-fort. Les peines encourues par Sylvia Bongo ne sont pas encore connues. Pour le délit de blanchiment des capitaux, par exemple, le maximum est 10 ans d’emprisonnement et l’amende peut aller jusqu’à cinq fois le montant des sommes blanchies.

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Sa situation se clarifie puisque, depuis le coup d’État du 30 août, la Franco-Gabonaise était retenue dans un lieu inconnu, sans qu’on connaisse son sort. Ses avocats avaient d’ailleurs porté plainte en France pour détention arbitraire et dénonçaient une prise d’otage. Son avocat Me François Zimeray dénonce un mépris total des règles et des droits.

« J’attends de la justice gabonaise qu’elle poursuit les auteurs de cette séquestration arbitraire d’abord. Ensuite, que faut-il penser d’une justice qui maintient des personnes au secret absolu pendant des semaines avant de les inculper sans avoir accès à une défense. Je n’ai accès à aucun élément du dossier, ce qui est en soi très choquant. »

Beaucoup d’observateurs soupçonnent Sylvia Bongo d’être au cœur d’un vaste système de corruption au sommet de l’État.

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Juste après le putsch, son collaborateur Kim Oun avait d’ailleurs été arrêté chez lui. Une cantine remplie d’argent liquide avait été saisie dans son bureau, tout comme le contenu d’un coffre. L’homme avait déclaré que la somme appartenait à la cellule financière de Sylvia Bongo, et que ce bureau était directement rattaché à elle.

Cette inculpation fait en tout cas réagir. Geoffroy Foumboula est porte-parole d’un groupe d’ONG, qui a annoncé une série de plaintes contre l’ex-première dame. Il parle d’une « très bonne nouvelle » et d’un « signe assez fort ». Il espère désormais que « l’instruction ira à son terme ». Selon lui, la justice doit continuer ses actions, et remonter jusqu’à Ali Bongo lui-même.

« Les faits sont multiples, c’est elle qui était au coeur du système. On espère simplement que l’instruction ira jusqu’à son terme et c’est en ce sens que nous avons aussi initiés une procédure pour déposer une plainte, de façon à ce que – au cas où l’État se dessaisisse – on compte poursuivre cette action jusqu’au bout. »

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L’ancien ministre de l’Intérieur Lambert Noël Matha a également été entendu par la même juge d’instruction, inculpé et assigné à résidence. Son affaire est en rapport avec la société Averda qui avait ramassé les ordures à Libreville entre 2015 et 2019. L’ancien ministre de l’Intérieur est soupçonné d’avoir touché illégalement beaucoup d’argent durant ce contrat.

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