La France décide dès lors de ne plus opposer un « veto » à la sortie de prison de Gbagbo, accusé d’être un frein à la pérennisation de ses intérêts géostratégiques dans la région. Mais elle fait donc le jeu du bon élève Alassane Ouattara. Si Gbagbo rentre au pays avant les élections, le chamboulement sera tel que l’homme lige et son clan pourraient en perdre des plumes.
Populaire, Gbagbo serait poussé par ses partisans à se lancer dans la course à l’élection présidentielle. Une telle éventualité, dans l’entendement de la France, pourrait susciter le retour de vieux démons des différents camps. Ce qui pourrait troubler l’atmosphère politique et perturber le climat des affaires dont les entreprises françaises n’ont pas besoin.
L’un mis dans l’autre, si l’Elysée estime que Gbagbo a assez payé pour son outrecuidance-nier à la France son pré-carré, en poussant le bouchon à vouloir créer une monnaie, avec un effet domino- le laisser rentrer dans le jeu politique a des issues incertaines. Des artifices comme libertés conditionnelles pour un acquitté sont proposés dans de canaux secrets pour retarder le natif de Mama à regagner son pays. « La France veut Gbagbo libre, mais pas à Abidjan.
La France ne veut pas de Gbagbo candidat» glisse une journaliste, très au fait du dossier Gbagbo. Laurent Gbagbo, lui-même ne confiait-il pas à Médiapart, en 2017 : « Je ne suis pas en prison, je suis otage de la France pour que Ouattara soit président » ? Dans la même année, un journal sud-africain révélait une confidence de la procureure, Fatou Bensouda à un homme politique Centrafricain, Pascal Bida Koyagbele : « il n’y a rien de sérieux contre Gbagbo. Je subis les pressions de la France. Je ne peux rien y faire».