Des anciens FRCI envisagent de se rendre au Burkina pour prendre les armes et devenir VDP

Se disant complètement abandonnés par le pouvoir qu’ils ont soutenu contre Laurent Gbagbo, des anciens FRCI envisagent des actions désespérées, y compris des déplacements vers le Burkina Faso pour prendre les armes et devenir Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).

C’est ce qu’a révélé Diakité Aboudou, ancien combattant et leader d’un groupe de 6 877 ex-combattants des Forces nouvelles de Côte d’Ivoire, le dimanche 3 novembre 2024, lors d’une rencontre à la gare de M’Bahiakro, dans le quartier Sokoura de Bouaké, au centre du pays.

« Aujourd’hui, les ex-combattants ont décidé d’entrer au Burkina Faso pour prendre les armes pour devenir VDP AES », a déclaré Diakité Aboudou, en référence aux supplétifs civils de l’armée burkinabè, un pilier central de la stratégie du président de transition, Ibrahim Traoré, dans sa politique de « sécurisation et de reconquête de l’intégrité territoriale ».

« Ce que je peux dire à notre Président (Alassane Ouattara), si tu refuses ton propre couteau, quelqu’un d’autre va prendre pour utiliser contre toi. (…) Les ex-combattants qui sont au Burkina Faso aujourd’hui dépassent 100 personnes. Même en janvier, il y a eu recrutement au Burkina Faso. Tous les ex-combattants sont en train de devenir AES », a-t-il ajouté.

Diakité Aboudou est l’un des leaders de la Cellule 39, un collectif d’ex-combattants qui réclament depuis longtemps le versement d’une prime de 18 millions de F CFA de la part des autorités ivoiriennes. Cette revendication fait suite à la prime de 12 millions de F CFA versée en 2017 par le gouvernement aux 8 400 ex-combattants intégrés dans l’armée, après plusieurs mutineries cette année-là.

Ces déclarations interviennent alors que les relations entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire se sont fortement dégradées, au point qu’ils n’ont plus d’ambassadeurs respectifs. Ouagadougou, qui a rompu avec la CEDEAO pour former l’Alliance des États du Sahel (AES) aux côtés de Niamey et Bamako, affirme avoir déjoué « plusieurs tentatives de déstabilisation », accusant Abidjan d’en être le point de départ. Les autorités ivoiriennes estiment aussi que la junte du capitaine Ibrahim Traoré cherche à affaiblir le régime d’Alassane Ouattara.

Fin septembre, les services de renseignement ivoiriens ont alerté sur un groupe d’environ cinquante jeunes Ivoiriens qui auraient été envoyés en janvier au Burkina Faso pour une formation militaire avant de revenir opérer en Côte d’Ivoire. Si certains ont été interceptés peu avant leur départ, la plupart auraient réussi à franchir la frontière.

Pour mémoire, entre 2002 et 2011, ces ex-rebelles avaient pris le contrôle du nord de la Côte d’Ivoire. Ils s’étaient ensuite rangés aux côtés du président Alassane Ouattara, principal opposant de Laurent Gbagbo lors de l’élection présidentielle de 2010. Cette crise post-électorale, marquée par de violents affrontements, a causé plus de 3 000 morts, selon l’ONU.

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