Crise Russie-Ukraine : Poutine ne peut accepter la « comédie musicale » de Zelensky

L’opération spéciale de la Russie en Ukraine ne laisse toujours personne indifférent. Les débats sont encore passionnés entre ceux qui la condamnent avec la dernière énergie, acte qu’ils qualifient d’agression, et ceux qui l’applaudissent et considèrent que c’est un acte de légitime défense.

Les spécialistes de géopolitique, de géostratégie et autres relations internationales de tous niveaux, continuent de s’adonner à cœur-joie. Nous avons droit à des analyses tout aussi de tous niveaux, à donner le tournis. Chacun y va de sa science, de ses certitudes mais aussi de ses émotions et de ses fantasmes.

Les chaînes de télévision françaises qui, à notre corps défendant s’imposent à nous, ne désemplissent pas de spécialistes et de sachants qui chaque jour que Dieu fait, nous assènent leurs vérités.

Mais comme par extraordinaire, tous ont des points de vue convergents quant à la condamnation de Vladimir Poutine.

Certains sur le plateau, s’étaient érigés en psychologues, psychanalystes ou en psychiatres, faisant l’analyse de la santé mentale du président russe, avec des diagnostics qui tardent à se vérifier. Ainsi on apprend que Vladimir Poutine devient fou, qu’il traine un cancer qui manifestement affecte son cerveau et qui a même déformé son visage.

Cerise sur le gâteau, il nous a été donné d’entendre l’un de ces spécialistes faire le parallèle entre le cheminement politique d’Adolphe Hitler et celui de Vladimir Poutine : d’hommes insignifiants à leurs débuts, ils sont parvenus au sommet de leurs états et sont gagnés par la folie des grandeurs. Il ne manqua pas de voir l’invasion de l’Ukraine comme «la blitzkrieg », et l’annexion des Sudètes comme le Donbass et Louhansk.

Mais peu sont ceux qui prennent du recul pour analyser sereinement les motivations profondes de Poutine, la préoccupation existentielle de la Russie exprimées à maintes occasions. Sacrés français !

Nous avions également suivi avec délectation, le débat à l’allure de symphonie inachevée, entre l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin et son compatriote, le philosophe Bernard Henry-Levy.

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Ce débat fut très instructif.

Quand M. Bernard Henry-Levy s’apitoie sur le sort des femmes et des enfants ukrainiens massacrés par les bombardements russes, et demande par conséquent l’intervention militaire des occidentaux, M. Dominique de Villepin lui rappelle bien le martyr et la souffrance du peuple irakien, le martyr et la souffrance du peuple libyen, bombardé par les avions de l’Otan sous l’instigation de la France de Sarkozy avec un lobbying de M. Bernard Henry-Levy. Il ne manqua pas d’ajouter que ce fut également le sort des Afghans et on pourrait compléter …des Ivoiriens. Et au final, la guerre n’a rien réglé.

Cette passe d’arme et la position de M. Bernard Henry-Levy, sont le symbole achevé de l’hypocrisie qui préside aux relations internationales. Tout le monde a tendance à voir la paille qui se trouve dans l’œil du voisin, en ignorant royalement la poutre qui se trouve dans le sien.

On comprend dès lors que, dans ces relations, la morale et le droit n’ont pas droit de cité. On s’en sert seulement pour se donner bonne conscience ou comme un leurre. Seuls comptent les intérêts et la force dont on dispose pour les protéger, ou pour se les offrir.

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Ce n’est un secret pour personne, chaque grande puissance a sa sphère d’influence qu’elle protège bec et ongle. Il lui est loisible de faire tout ce qu’elle veut tant qu’elle ne dérange pas les autres.

Ainsi, dans ce qui est jusqu’à présent son pré-carré africain, la France a pris le pli de faire et de défaire des présidents africains au gré de ses humeurs. Il n’y a qu’à prendre le cas de le République centrafricaine pour s’en convaincre. De Barthélémy Boganda à Ange Félix Patassé, en passant par Bozizé ou l’inénarrable Jean-Bédel Bokassa, nombre de ces anciens présidents sont arrivés au palais présidentiel, dans un avion français.

La France n’hésite non plus à mettre sur « le droit chemin » tout président qui manifeste quelques velléités d’indépendance.

C’est le propre des grandes puissances. Ce que fait Poutine en Ukraine, est ce qu’a fait Sarkozy en Côte d’Ivoire. Le second a instrumentalisé une rébellion armée et a bombardé Abidjan pour dégager un président qu’il ne maîtrisait pas, pour un autre plus accommodant, et le premier utilise les séparatistes de l’Est de l’Ukraine pour arriver à ses fins.

Les Etats-Unis ne sont pas en reste. L’épisode de Salvador Allende au Chili en 1973, l’invasion du Panama, de l’Irak, et de l’Afghanistan sont là pour nous conter leurs hauts faits d’armes.

Autant la France a dénié à M. Laurent Gbagbo le droit de se sortir du carcan français, autant Poutine ne peut accepter la « comédie musicale » de Volodymyr Zelensky de flirter avec l’Otan au point de vouloir y adhérer.

Bien que quelque peu éclipsé par la crise israélo-palestinienne, le poker menteur en Ukraine continue.

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Ainsi va le monde. La leçon de tout cela ?

L’humour caustique des ivoiriens l’a déjà tirée : « Chimpanzé y a pas son rouge. Chimpanzé c’est chimpanzé ». Les grandes puissances sont toutes pareilles.

Seuls comptent leurs intérêts !

Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.

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