Les autorités maliennes affirment avoir déjoué dans la nuit du 11 au 12 mai dernier une tentative de coup d’Etat, une opération, disent-ils.
« Le Mali payera très cher le fait de s’être séparé de manière aussi violente des forces françaises qui, pendant huit ans, ont assuré la souveraineté du pays », menaçait-il. Qui pourrait bien être cet Etat occidental derrière ce coup d’Etat manqué ? Les autorités maliennes ne le précisent pas. Toutefois, ce contexte de rupture des relations avec la France a le mérite de rappeler le sort de plusieurs présidents africains. Au nombre de ces présidents africains morts pour la souveraineté et l’indépendance économique de leurs pays, le Togolais Sylvanus Olympio.
A l’instar du Burkinabé Thomas Sankara qui fustigeait l’endettement dans son célèbre discours sur la dette en 1987 à l’OUA, le Président togolais Sylvanus Olympio affirmait que la fin de la soumission de son pays à la France passe par l’acquisition de son indépendance économique. Pour lui, l’endettement oblige les dirigeants africains à se plier au diktat des Occidentaux. Comme le Mali d’Assimi Goïta, il avait choisi la diversification des sources d’enrichissement, des partenaires. Autre grand projet : mettre un terme à l’utilisation du franc Cfa au Togo.
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Le rubicond fut franchi. Les autorités françaises vont désormais le traiter de tyran, dictateur, qui torture ses opposants, tribaliste qui déteste l’ethnie Kabyè du sergent Gnassingbé Eyadema. Sylvanus Olympio se tourne vers l’Allemagne. Il limite l’aide extérieure et équilibre les déficits budgétaires, réprime le gaspillage des ressources de l’Etat, vit modestement quitte à se promener à vélo dans les rues de Lomé. Cette politique d’austérité n’était pas du goût des Togolais. Mais Sylavanus Olympio était persuadé que le Togo ne doit plus s’endetter mais mobiliser sa propre épargne. Sylvanus Olympio sera tué le 13 janvier 1963 seulement deux jours après la signature de la rupture avec la Banque de France au profit de la Livre anglaise. La menace du sénateur français Christian Cambon cache-t-elle une implication de la France dans le coup d’Etat manqué du 11 mai dernier au Mali ? Difficile de le dire. Toutefois, les ruptures ou tentatives de rupture des relations avec la France (armée, Franc Cfa, contrats…) se sont soldées par des déstabilisations pour ces Etats africains. L’exemple de la Guinée de Sekou Touré est une illustration parfaite.