L’Union européenne cherche à définir une nouvelle approche stratégique vis-à-vis de l’Afrique axée prioritairement sur la coopération avec les « gouvernements légitimes », face aux coups d’Etat militaires et à « l’influence grandissante de la Russie » sur le continent, a déclaré mercredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
« Nous devons faire preuve, à l’égard de l’Afrique, de la même unité d’intention que celle que nous avons montrée concernant l’Ukraine », a affirmé devant les députés européens Ursula von der Leyen, selon le texte intégral de son discours sur l’état de l’Union publié sur le site de la Commission européenne et consulté par Anadolu.
Dans son allocution prononcée à Strasbourg, la présidente de la Commission européenne a fait part de son inquiétude devant la montée en puissance de Moscou en Afrique, et plus encore au Sahel.
« La Russie exerce une influence sur le chaos qui y règne, et en tire également profit », a-t-elle fait observer. Et la responsable européenne d’ajouter : « Nous devons nous concentrer sur la coopération avec les gouvernements légitimes et les organisations régionales ».
Le Mali, le Tchad, le Burkina Faso, la Guinée et le Niger ont été le théâtre de coups d’Etat militaires depuis 2020, ce qui « contribuera à augmenter l’instabilité dans la région dans les années à venir », a-t-elle estimé.
Selon Ursula von der Leyen, la nouvelle approche stratégique à l’endroit de l’Afrique devra être définie avant le sommet entre l’UE et l’Union africaine, prévu en 2025.
Mardi, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell avait reconnu l’échec des Européens à renforcer la démocratie au Sahel, en dépit de centaines de millions d’euros dépensés dans cette région, qui n’ont pas empêché les coups d’Etat militaires.
Au cours des dix dernières années, l’UE a dépensé 600 millions d’euros dans des missions civiles et militaires au Sahel, entraîné quelque 30 000 membres des forces de sécurité au Mali et Niger, et 18 000 effectifs militaires, a souligné Borrell lors d’un débat au Parlement européen à Strasbourg.
« Cela n’a pas servi à consolider des forces armées qui soutiennent le gouvernement démocratique », mais plutôt des forces armées « qui les renversent », a-t-il reconnu.
En mars dernier, le président russe Vladimir Poutine s’est engagé à annuler les dettes des pays africains estimées à 20 milliards de dollars, soulignant que le continent deviendrait une puissance émergente dans un nouvel ordre mondial multipolaire.
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La Russie propose également aux pays africains une coopération dans divers domaines économiques, notamment l’extraction des minerais et des matières premières, ainsi qu’une coopération dans les domaines de l’enseignement -avec l’octroi de bourses universitaires- et de la culture, et ce, dans le cadre du déploiement de son « soft power » en Afrique.
Moscou est présente aussi à travers le groupe paramilitaire russe « Wagner », qui continue d’étendre ses activités au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
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Il convient de noter que la Russie cherche à reprendre pied sur le continent africain tout en dénonçant l’approche néocoloniale de l’Occident, au moment où l’influence économique et politique de la France sur le continent décline en raison de son échec à combattre le terrorisme.