Après près de 50 ans de présence ininterrompue, l’armée française a officiellement quitté le camp militaire de Lomo nord qu’elle occupait depuis 1975. Cette rétrocession au profit de l’armée ivoirienne intervient après plusieurs années de tensions avec les populations locales, qui avaient dénoncé les nuisances et les conséquences néfastes des activités militaires.
Depuis plusieurs années, les habitants de Lomo Nord et des villages environnants se plaignaient régulièrement des effets des manœuvres militaires. Le 19 avril 2022, un incident tragique avait marqué un tournant dans les relations entre la population et les soldats français, lorsque des exercices ont coûté la vie à un bouvier et à son troupeau. Cet événement avait ravivé les appels au départ de l’armée française, jugée trop encombrante par les habitants.
« Nous vivions avec le bruit constant des tirs et des manœuvres militaires. Cela perturbait notre quotidien, nos activités agricoles et même notre sécurité », confie un habitant de Lomo Nord, sous couvert d’anonymat.
Le 17 septembre 2024, une cérémonie officielle a marqué la fin de cette présence militaire étrangère. En présence de Soumahoro Anliou, directeur de cabinet adjoint du ministère de la Défense ivoirien, du préfet de Toumodi, des élus locaux, des chefs des unités de défense ainsi que des représentants des communautés locales, le drapeau français a été retiré pour faire place à celui de la Côte d’Ivoire. Ce geste symbolique acte la reprise en main du camp par l’armée ivoirienne, qui aura désormais la gestion exclusive de ce site stratégique.
« Cette rétrocession est un symbole fort pour notre souveraineté nationale. Nous espérons que l’armée ivoirienne fera bon usage de ce camp, dans le respect des populations locales », a déclaré l’un des chefs traditionnels présents à la cérémonie.
Pour les habitants de Lomo Nord, le départ de l’armée française représente un soulagement, mais aussi l’espoir d’un avenir plus serein. Si les autorités locales saluent la transition en douceur, beaucoup attendent désormais des actions concrètes pour revitaliser la région, notamment avec des projets de développement local qui pourraient voir le jour sur ce site.
« Nous avons longtemps souffert de cette présence militaire, mais aujourd’hui, nous regardons vers l’avenir avec optimisme. Ce camp peut devenir une opportunité pour le développement de notre région », confie un responsable local. Avec cette rétrocédion, l’armée ivoirienne reprend le contrôle de l’un des sites militaires les plus stratégiques du pays. Ce départ marque la fin d’une ère et le début d’une nouvelle phase pour la région, placée sous le signe de la réconciliation et du développement local.