Côte d’Ivoire: Alassane Ouattara formule ses Vœux (décryptage)

Lors de ses vœux à la Nation, Alassane Ouattara a affiché une ambitieuse volonté de moralisation de la gestion des affaires publiques.

Garantir l’ordre et la sécurité

Vraisemblablement, Alassane Ouattara n’a pas l’intention de se faire déborder par les forces djihadistes qui visent régulièrement la Côte d’Ivoire depuis 2020, comme a pu l’être le voisin malien. Après trois attaques terroristes au printemps dernier, le président avait ainsi accéléré la montée en puissance du dispositif sécuritaire ivoirien : présence accrue des forces armées dans le nord et l’est du pays, ouverture d’une Académie de lutte contre le terrorisme en juin et opérations militaires en collaboration avec le G5 Sahel permettant l’arrestation de 300 individus suspectés de participer à des activités terroristes en décembre.

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Ce n’est donc pas le fait du hasard si le premier thème abordé par le président en exercice lors de ses vœux pour l’année 2022 a été la lutte contre le terrorisme. Le chef de l’exécutif a annoncé un renforcement des investissements dans les régions touchées, afin de lutter contre le djihadisme. D’autant que ce dernier profite, selon l’expert antiterroriste ivoirien, Lassina Diarra, « des carences structurelles de l’Etat », notamment en matière économique. Carences contre lesquelles Alassane Ouattara et son gouvernement souhaitent apporter encore plus de solutions en 2022.

Accélérer le développement de la Côte d’Ivoire

Pour cela, le gouvernement dispose d’actifs : tous les acquis issus du plan de développement « Côte d’Ivoire solidaire » en matière d’éducation (ouverture d’une nouvelle université en 2021, réhabilitations d’établissements), de santé (accès à l’eau potable amélioré, réforme du système de santé), d’accès à l’énergie (+205 000 ménages électrifiés en 2021) et de mobilité. Alassane Ouattara s’en est d’ailleurs félicité, ces acquis ayant permis la résilience du pays pendant la pandémie.

Avec une croissance estimée de 2 % en 2020, 6 % en 2021, et une projection à 7 % pour 2022, la Côte d’Ivoire semble effectivement avoir bien encaissé le choc et les perspectives de développement sont bonnes, malgré les variants. Le président souhaite cependant « aller plus loin et plus vite » dans la transformation structurelle de l’économie du pays et l’amélioration générale des conditions de vie. Des investissements sont ainsi prévus dès 2022 afin d’accélérer l’amélioration des rendements agricoles et le développement de l’industrie.

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Mais la priorité de l’exécutif et de son 2e programme social (2022-2024) sera l’emploi des jeunes et des femmes : il souhaite le promouvoir notamment en favorisant l’émergence de champions nationaux par le biais de financements à destination des startups et des jeunes entrepreneurs. « À l’initiative de la Première dame Dominique Ouattara », le Fonds d’Appui aux Femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI) sera également doté de 25 milliards de francs CFA afin de soutenir leur autonomisation, dans un pays où, malgré une nette amélioration ces dernières années, elles subissent toujours selon la Banque Mondiale « des pratiques discriminatoires qui les maintiennent dans une situation de vulnérabilité ».

Promouvoir un cadre de bonne gouvernance

Les thèmes de la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance ont occupé une partie majeure de l’allocution d’Alassane Ouattara (près de la moitié). L’objectif du président est clair : « un changement de mentalité et de comportement » dans la conduite des affaires publiques, ni plus ni moins. Des propos qui font écho à l’opération « mains propres », qui a déjà vu, depuis l’automne dernier, le limogeage de plusieurs hauts fonctionnaires après audit de leurs administrations.

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Ainsi, pour « bâtir une conscience nationale imprégnée des valeurs d’intégrité, d’équité et d’un sens élevé de la responsabilité dans la conduite des affaires publiques », le chef de l’État a annoncé qu’un prix de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption serait décerné à partir de cette année. Les critères d’attribution seront « le respect des deniers publics, la recherche de l’excellence et le fait de placer le bien de la Nation avant toute chose».

Souhaitant faire un geste de concorde, le président a indiqué avoir signé un décret de « remise gracieuse de peine » au bénéfice de 2500 détenus condamnés (hors crimes de sang) pour des faits commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011, afin de poursuivre l’apaisement du climat politique.

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