Les correspondantes des quotidiens français « Libération » et de « Le Monde » au Burkina Faso ont été expulsées samedi soir du pays, selon leurs rédactions, dénonçant une « décision arbitraire et injustifiée ».
« Notre correspondante à Ouagadougou, Agnès Faivre, a été expulsée dans la soirée du samedi 1er avril ; en même temps que Sophie Douce, correspondante du quotidien le Monde. Toutes deux sont arrivées ce dimanche matin à Paris », a écrit Libération dans un article publié sur son site.
« Sophie Douce et Agnès Faivre ont été sommées de quitter Ouagadougou samedi 1er avril sans qu’aucun motif d’expulsion leur ait été notifié », souligne de son côté le journal Le Monde.
Selon Libération, ces expulsions sont « la confirmation que la liberté de la presse au Burkina Faso est lourdement menacée » depuis l’arrivée au pouvoir des militaires putschistes, et les intimidations de la presse indépendante, étrangère ou locale, se sont multipliées.
La radio RFI et la télévision France24, tous deux médias d’Etat, sont suspendues au Burkina Faso, rappelle « Libération » estimant que la dernière tentative en date de la junte au pouvoir de « faire taire la presse indépendante, étrangère, mais aussi locale ».
En rappel, Libération a publié le 27 mars une enquête sur les circonstances dans lesquelles a été filmée une vidéo montrant des enfants et adolescents exécutés dans une caserne militaire, par au moins un soldat.
Le gouvernement burkinabè avait ensuite réagi, évoquant des « manipulations […] à des fins politiques » et une volonté de « jeter le discrédit » sur l’armée.
La correspondante de Libération avait ensuite été convoquée le vendredi 31 mars à la direction de la sûreté de l’État, les services de renseignement burkinabè.
La correspondante du Monde, Sophie Douce, a également été convoquée par les mêmes services.
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Les deux journalistes ont été auditionnées pendant plus d’une heure, séparément, l’une après l’autre.
C’est une fois rentrées chez elles qu’elles seront notifiées verbalement de la décision de leurs expulsions sous 24h, sans aucune justification.
« Petit à petit, le gouvernement de transition organise le départ forcé de tous les médias étrangers et menace de plus en plus le droit d’informer des médias burkinabè indépendants en multipliant les intimidations contre les journalistes », estime Libération.
Pour le média français, « les expulsions de notre correspondante et de son homologue du Monde, que nous condamnons fermement, ne représentent pas une manifestation de force des autorités du Burkina, mais trahissent plutôt une certaine faiblesse ».
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« Ces restrictions à la liberté d’informer sont inacceptables et le signe d’un pouvoir qui refuse que l’on puisse questionner ses actions. Elles sont particulièrement inquiétantes alors que le Burkina Faso est en proie à une recrudescence des attaques de groupes armés, dont les premières victimes sont les civils », conclut-il.
En rappel, Sophie Douce qui était installée depuis 2018 dans le pays, exerçait également pour Ouest-France, L’Express et pour la radio Medi1 tandis qu’Agnès Faivre couvrait également le Burkina Faso au compte de Courrier international.