Les tensions persistantes entre la Russie et les pays occidentaux en mer Baltique ont marqué ces dernières années l’actualité géopolitique européenne.
La guerre en Ukraine a accentué les préoccupations sécuritaires dans cette région maritime stratégique, où la Russie multiplie les démonstrations de force navale. Les perturbations des signaux GPS, les mouvements de pétroliers suspects et les exercices militaires russes réguliers ont créé un climat d’incertitude, poussant les pays riverains à repenser leur stratégie défensive commune.
L’Allemagne vient de franchir une étape décisive en inaugurant à Rostock un centre de commandement multinational baptisé « Commander Task Force Baltic » (CTF Baltic). Cette structure, placée sous la direction d’un amiral allemand, réunira treize nations, dont la France, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège et le Royaume-Uni. Sa mission principale sera d’orchestrer les opérations navales et d’assurer une surveillance maritime optimale dans la région baltique. Particularité notable : bien que rassemblant des membres de l’OTAN, ce centre ne dépend pas directement de l’Alliance atlantique, une nuance juridique nécessaire pour respecter le traité de réunification allemande de 1990, qui limite la présence militaire étrangère sur le territoire de l’ex-RDA.
Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a souligné l’importance capitale de la mer Baltique, véritable artère commerciale et énergétique pour l’Europe. Cette zone maritime représente également un corridor militaire essentiel, d’autant plus crucial depuis l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN. Les préoccupations concernent notamment la protection des îles stratégiques comme Gotland, territoire suédois potentiellement convoité, ainsi que la sécurisation des voies d’accès à l’enclave russe de Kaliningrad.
Cette initiative allemande vient compléter le dispositif existant du Commandement maritime allié (MARCOM), basé au Royaume-Uni. Le CTF Baltic permettra une réactivité accrue face aux activités maritimes suspectes et aux manœuvres militaires russes dans la région. La coordination renforcée entre les marines des pays participants devrait améliorer la capacité de réponse aux perturbations électroniques et aux mouvements de navires non identifiés. Cette nouvelle structure témoigne de la volonté des pays européens de maintenir la liberté de navigation et la stabilité régionale en mer Baltique, tout en développant une approche collaborative adaptée aux enjeux sécuritaires actuels.