La création de l’Alliance des États du Sahel (AES) a marqué un tournant dans les relations entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et trois de ses membres historiques : le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
Cette déchirure s’est cristallisée à la suite de tensions croissantes entre ces pays et l’organisation régionale, notamment autour des questions de gouvernance et de sécurité. Les coups d’État successifs dans ces trois nations ont conduit à des sanctions et des ultimatums de la part de la CEDEAO, perçus comme une ingérence par les nouvelles autorités en place.
En réponse, ces pays ont amorcé un processus de distanciation, culminant avec l’annonce de leur retrait « irrévocable » de la CEDEAO et la formation de l’AES, une confédération destinée à renforcer leur coopération mutuelle et à affirmer leur souveraineté face aux pressions régionales et internationales.
Face à cette situation, la CEDEAO exprime de vives inquiétudes, comme en témoignent les déclarations du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye lors du 65e Sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement à Abuja. Les principales craintes de l’organisation régionale peuvent être résumées ainsi :
- Fragmentation de l’unité régionale : La CEDEAO redoute que le départ de ces trois pays ne crée un précédent dangereux, ouvrant la voie à d’autres retraits et fragilisant ainsi l’intégration régionale. Le président Faye a qualifié cette éventualité de « pire des scénarios« , soulignant l’importance de préserver l’héritage panafricain légué par les pères fondateurs.
- Affaiblissement du poids économique et politique : La sortie du Burkina Faso, du Mali et du Niger représenterait une perte significative pour la CEDEAO en termes de population, de ressources et d’influence géopolitique dans la région sahélienne.
- Défis sécuritaires accrus : L’AES pourrait compliquer la coordination des efforts de lutte contre le terrorisme et l’instabilité dans le Sahel, une région déjà fortement affectée par ces problématiques.
- Remise en question des principes démocratiques : La formation de l’AES par des régimes issus de coups d’État pose un défi aux normes démocratiques promues par la CEDEAO, risquant de créer un précédent pour d’autres pays de la région.