Le Premier ministre Abdallah Hamdok, visage civil de la transition au Soudan, a démissionné dimanche 2 janvier 2021.
M. Hamdok était revenu au pouvoir il y a moins de deux mois, dans le cadre d’un accord politique conclu avec les militaires, qui désormais sont les seuls les commandes. Il a jeté l’éponge, expliquant longuement sur la télévision d’Etat avoir tout tenté mais avoir finalement échoué dans un pays dont la “survie” est selon lui “menacée” aujourd’hui.
Les différentes forces politiques du pays sorti en 2019 de 30 années de dictature militaro-islamiste d’Omar el-Béchir sont trop “fragmentées”, a-t-il dit, et les camps civil et militaire trop irréconciliables pour qu’un “consensus” vienne “mettre fin à l’effusion de sang” et donner aux Soudanais le slogan phare de la révolution anti-Béchir de 2019 : “liberté, paix et justice”.
Cet ancien économiste onusien qui avait obtenu l’effacement de la dette du Soudan et sa sortie du ban mondial n’a pas connu un moment de répit depuis le coup d’Etat du 25 octobre, note-on.
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Ce jour-là, son principal partenaire, le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, l’a fait placer en résidence surveillée au petit matin. Et avec lui, la quasi-totalité des civils, des autorités de transition, rompant brutalement l’attelage baroque de 2019.
Alors, la pression populaire forçait l’armée à démettre l’un des siens, Omar el-Béchir. Généraux et civils s’entendaient sur un calendrier de transition qui prévoyait une remise du pouvoir tout entier aux civils avant des élections libres en 2023.
Mais le 25 octobre, le général Burhane a rebattu les cartes. Il a prolongé de deux ans son mandat de fait à la tête du pays et réinstallé un mois plus tard M. Hamdok, tout en ayant préalablement remplacé bon nombre de responsables –notamment au sein du Conseil de souveraineté qu’il chapeaute–, en extrayant les partisans les plus actifs d’un pouvoir civil.
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Toute l’après-midi, les partisans d’un pouvoir civil ont scandé par milliers “Les militaires à la caserne” et “Le pouvoir au peuple”, tandis que des jeunes sur des motos sillonnaient la foule, évacuant des blessés car à chaque mobilisation les ambulances sont bloquées par les forces de sécurité.
Les militants appellent à faire de 2022 “l’année de la poursuite de la résistance”, réclamant justice pour les dizaines de manifestants tués depuis le putsch, mais aussi pour les plus de 250 civils abattus lors de la “révolution” de 2019.
Outre les morts et la coupure du téléphone et d’internet, les forces de sécurité sont également accusées d’avoir eu recours en décembre à un nouvel outil de répression, qui est le viol d’au moins 13 manifestantes, selon l’ONU.
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Les Européens ont exprimé leur indignation, de même que le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et les Nations unies. Tous plaident pour un retour au dialogue comme préalable à la reprise de l’aide internationale coupée après le putsch dans ce pays, l’un des plus pauvres au monde.